Jacobs, par la bouche de Pradier puis de Miloch, cite les expériences de l'époque visant à ensemencer les nuages à la neige carbonique ou à l'iodure d'argent. Ces idées datent des années 1940, les américains Vincent Schaefer et Irgving Langmuir ayant réalisé les premières expériences avec le CO2. Bernard Vonnegut adoptera ensuite l'iodure d'argent, dont la structure cristalline est très proche de celle de la glace, et constitue donc une bonne amorce de cristallisation. L'eau gèle alors en petites particules qui fondent avant d'atteindre le sol. Le principal intérêt est la lutte contre la grêle. L'efficacité de ces techniques fut assez difficile à évaluer, et les espoirs placés dans ce concept rapidement déçus. Aussi, même si une conférence sur la modification du temps (7ème du nom) a été organisée par l'Organisation Mondiale de la Météorologie entre le 17 et le 22 Février 1999 à Chiang Mai en Thaïlande, on peut dire que les recherches dans ce domaine n'ont pas abouti et ont été quasiment abandonnées (cf. La Recherche n°318, Mars 1999, p84, et n°321, juin 99, p6).
Plutôt que leur formation, c'est plutôt leur dissipation qui a été l'objet de recherches. On peut dissiper artificiellement les brouillards froids (T<0°C) sur les aérodromes, par diffusion de propane (est-ce bien écologique?) ou par réchauffement artificiel, mais les brouillards chauds plus fréquents dans nos régions sont plus récalcitrants. La dénébulisation par champs électriques, par ondes sonores, rayons infrarouges ou lasers est à l'étude (le Quid, voir sources).
Les éclairs en boules existent de façon naturelle. D'une taille de 10 à 20 cm, ils seraient constitués d'oxygène et d'ozone produits par un éclair normal. Ils éclatent ou se dispersent. L'ozone (O3)est un gaz dérivé de l'oxygène (O2) qui peut se former sous l'action d'un arc électrique (et aussi par une photocopieuse). Il est donc logique que Mortimer en perçoive l'odeur caractéristique. Miloch gratifie les éclairs "d'une température interne considérable" et d'une "énergie de quelque 20 milliards de Joules". On estime aujourd'hui que la température peut atteindre 30.000°C et l'énergie dégagée 3 milliards de Joules. La puissance équivalente à l'ensemble des coups de foudre tombant sur la France en un an est de 15 Mégawatts, soit celle d'une petite turbine de fleuve. L'utilisation de cette source d'énergie supposerait résolu le problème du stockage comme l'avait pressenti Jacobs. Le physicien Planté évoqué par Miloch p53 est l'inventeur de l'accumulateur électrique.
Peu avant la fin de l'album (p56) , Miloch déverse un
brouillard jaune "toxique, par suite de la présence dans sa
structure d'un élément inconnu ayant la faculté
d'absorber graduellement l'azote de l'air. Ce faisant, il augmente
anormalement la proportion de l'oxygène et provoque ainsi un
accroissement progressif de l'activité cardiaque et
cérébrale. Conséquences inéluctables :
après une phase d'intense bien-être et de joie
artificielle, exaltation, délire, folie et finalement,
mort!". Voilà qui n'est pas rassurant. De fait,
d'après Yves Jammes et Henri Burner (La plongée
profonde, Dossier Pour la Science, voir Sources), "lorsque la pression partielle de
l'oxygène contenu dans le mélange inspiré
devient égale ou supérieure à 0.50
atmosphère (la valeur normale au niveau de la mer est
égale à 0.21 atm), ce gaz exerce des effets toxiques
sur les poumons: une pneumonie à l'oxygène
apparaît, caractérisée par une inflammation de la
muqueuse trachéobronchique (toux et expectoration) et des
cellules alvéolaires; lorsque cette inflammation se poursuit,
elle aboutit à une fibrose pulmonaire non réversible.
En outre, de fortes pressions partielles d'oxygène sont
responsables d'une hyperexcitabilité neuronale, qui peut
entraîner des crises d'épilepsie." Des effets
toxiques existent bel et bien, mais Jacobs a un peu dramatisé
leurs impacts sur le système nerveux, qui n'apparaissent
qu'à pression élevée.
L'intense bien-être et la joie artificielle pourraient
être plus justement attribuables à un autre gaz, le
protoxyde d'azote N2O, plus
communément appelé gaz hilarant. Celui-ci a
également des effets narcotiques.
Quoi qu'il en soit, si le "diabolique brouillard" a affecté la
composition de l'atmosphère en en réduisant la teneur
en azote, il est fort douteux qu'un masque à gaz puisse
être d'une quelconque utilité. Le principe de ces
masques est en effet de retenir les éléments nocifs sur
un filtre, mais il n'ont pas le pouvoir de reformer un gaz qui aurait
disparu. Dans ce cas, seules des bouteilles d'air comprimé
peuvent être efficaces.